Les VIKINGS au COEUR
de NOS REGIONS


Par Joël Supéry

Dans un premier ouvrage, j'avais développé deux idées forces :
- Les invasions vikings étaient une guerre commerciale dont l'objectif était de créer une route commerciale rejoignant la Méditerranée.
- Cette route, les Danois choisirent de la faire passer par l'Aquitaine, c'est la raison pour laquelle la Gascogne sera la première colonie scandinave en France.
Cette lecture a été contestée par certains chercheurs en Gascogne. Sédentarisation, oui, colonisation, non. Or, ce qui distingue une sédentarisation fortuite, d'une colonisation, c'est l'ambition politique.


Dans ce second ouvrage, j'entendais rapporter la preuve de la colonisation de la Gascogne.
Cette preuve pouvait être rapportée historiquement : il suffisait de démontrer que les Danois avaient une ambition politique dans la région. Mais cette réponse demeurait incomplète. Il fallait évaluer l'emprise territoriale de la Gascogne scandinave. Or, il existe un moyen simple de l'évaluer, il s'agit de la toponymie. Si les Danois s'étaient installés en Gascogne, ils auraient dû apporter des noms de lieux d'origine scandinave et ceux-ci devraient nous permettre d'évaluer l'emprise de la colonie gasconne si celle-ci a existé. Des toponymes scandinaves, cousins de ceux de Normandie, existent bien : Angresse/Angreville, Bénesse/Benneville, Seignosse/Senneville, Contis/Conteville, Ondres/Ondreville, Messanges/Mésangueville, Arengosse/Hérenguerville?

Ce volet toponymique, initialement accessoire, s'est révélé bien plus prolifique qu'escompté et il vient bouleverser non seulement l'histoire de la Gascogne, mais aussi l'histoire de l'Europe. Cette toponymie vient compléter et préciser les textes de manière étonnante.


PARTIE 1 - L'AMBITION POLITIQUE : LA CONQUÈTE D'UNE RÈSIDENCE AU-DELA DES MERS.
- L'image d'Epinal : des pillards peu nombreux.   
Contrairement à ce qu'affirment certains chercheurs français, les Vikings semblent avoir été très nombreux, en tout cas suffisamment nombreux pour défaire les Francs et conquérir la Gascogne.
Johannes Steenstrup, historien danois, évoque les contraintes logistiques qui empêchèrent des invasions massives. Or, les Vikings les dépassèrent aisément. Ils s'installèrent sur nos côtes longtemps avant le début des invasions et y construisirent les flottes d'invasions.
Des conditions climatiques favorables, la polygamie et la stratégie d'alliance expliquent la masse des hordes scandinaves.
Les Vikings avaient les moyens d'avoir des ambitions politiques. Ils avaient aussi des chefs unis. Il existe de nombreux textes qui indiquent que Ragnar, Björn, Asgeir, Hastein, Sygtrygg et Godfrid, les six principaux chefs vikings évoqués par les annales appartenaient tous au même clan. Il est logique d'en déduire qu'ils appliquaient une stratégie.

Or, cette stratégie avait un objectif non seulement commercial, mais aussi politique : les textes normands sont formels. Björn, fils de Ragnar, devait « conquérir une résidence au-delà des mers ». Le pillage des monastères n'a été qu'une conséquence, et non une cause des invasions. Les invasions doivent être analysées comme une guerre et non comme un déferlement anarchique.
 La Gascogne, première terre attaquée.
Les invasions débutent comme une guerre commerciale : Dorestad en 834, Witla, Anvers, Thanet et de nouveau Dorestad en 835, Rouen en 841, Quentovic en 842, Nantes en 843, Agen en 844, Saintes, Paris et Hambourg en 845, Bordeaux en 848.
Mais les textes gascons évoquent une attaque en Gascogne dès 840. Au cours de cette attaque, les 12 évêchés sont attaqués et détruits. Seul Auch s'en relèvera. En Gascogne, il n'est pas question


de prises d'otages, de rançon ou de tributs extorqués. Les textes évoquent invariablement la destruction de toutes les structures politiques et religieuses du pays. Il s'agit d'un préambule colonial incontestable. Les Vikings ont une ambition politique évidente.
A l'issue de l'offensive de 840, les Danois sont les maîtres de la Gascogne. Ils sont arrêtés par la Garonne. Au nord Bordeaux, au sud Auch, résistent.  On peut penser que les Gascons, épaulés par la Navarre, résistent également dans le massif pyrénéen.
En 844, nouvelle offensive : une flotte danoise remonte la Garonne et atteint Toulouse. En fait, cette flotte permet aux troupes massées sur la rive gauche depuis 840 de franchir massivement le fleuve et de faire exploser la ligne de défense gasconne centrée sur Agen. Le massif Central, la Vallée du Rhône et les Alpes sont submergées. Plus rien ne peut arrêter les Hommes du Nord. L'Empire est depuis toujours démilitarisé.
En 848, nouvelle étape. Bordeaux après une année de siège finit par tomber. Les Aquitains se détournent alors de Pépin II d'Aquitaine, leur roi depuis 838, et choisissent Charles II le Chauve pour roi. Les Danois proposent une alliance à Pépin et ce dernier, lâché par les siens, l'accepte. En 850, Auch tombe. On peut penser que la seule région encore en mesure de résister aux Danois est la région pyrénéenne où les Gascons peuvent compter sur le soutien du puissant roi de Pampelune.
En 855, les Danois reprennent l'offensive en Gascogne. Ils prennent de nouveau Bordeaux qu'ils avaient dû abandonner en 850. En 857-858, un commando danois (ou une armée ?) investit Pampelune et capture Garsia Iniguez. Le roi est retenu prisonnier une année durant puis libéré contre une rançon de 70 000 pièces d'or. Or, ce qui intéresse les Danois, c'est l'alliance politique. A l'issue de sa captivité, le roi de Pampelune rompt l'alliance qu'il entretenait avec Saragosse et s'allie avec le roi des Asturies, allié de longue date avec les Danois. On peut penser que le traité passé a également concerné la résistance gasconne.
L'année 864 est cruciale pour la Gascogne. Pépin II d'Aquitaine est enfin capturé par les Francs et Sanche de Gascogne est tué. Virtuellement, plus personne ne peut s'opposer à la royauté de Charles II le Chauve, roi d'Aquitaine depuis 843. Pourtant, le roi ne reprend pas le contrôle de la Gascogne.
 La présence Viking en Gascogne.
Certains estiment que les Vikings ne sont pas restés en Gascogne. Les Vikings auraient été de vulgaires pillards de passage. Cette idée développée par Jules Michelet et popularisée par le Petit Lavisse est tout simplement aberrante.  La France serait une exception dans l'histoire des invasions.

Dès l'attaque de 840, on voit le comte de Bordeaux se fortifier dans Auch : on en déduit qu'il n'est plus le maître du pays entre Auch et l'océan. Les Vikings sont restés.La présence viking est suggérée par les annales royales franques qui nous apprennent qu'en 868, Charles le Chauve reprend possession de l'Aquitaine, fortifiant Saintes, Angoulême, Périgueux et Agen, mais pas Bordeaux, sa capitale, située sur la rive gauche. Qui l'en empêche ?
Les chroniques nous apprennent que l'armée de Guillaume de Périgueux (864-871) est décimée dans les combats incessants contre les Danois. Le comte de Gascogne « maintient » les Danois sur la côte durant toute la durée de son règne entre 871 et 886. En 892, Léon, évêque de Rouen, légat du pape, est martyrisé par les Danois à Bayonne.
En 976, les Danois affrontent le comte de Bordeaux et le mettent à mort. Enfin, en 982, le comte de Gascogne vient affronter les Danois à Taller, près de Castets et les défait.
Il est à noter que les Carolingiens ne s'éteignent qu'en 987 et qu'à aucun moment, ils ne tentent de reconquérir la Gascogne. Pourquoi ?
Parce que les Carolingiens ont renoncé depuis belle lurette à considérer la Gascogne comme faisant partie de leur royaume. Il faut remonter aux années 855 et à la soumission de Björn en 858. Le roi a nécessairement accordé au chef viking une terre. Cette terre, le chef danois la contrôlait militairement, mais il souhaitait une reconnaissance juridique de sa souveraineté. Or, la seule terre qui ne sera plus jamais mentionnée comme faisant partie du royaume de Francie occidentale se situe justement la rive gauche de la Garonne, il s'agit de la Gascogne, envahie depuis 840.
 La fin de la Gascogne scandinave.
On souligne volontiers la réussite normande, une réussite qui rend très suspect l'échec gascon. Pourquoi les uns auraient réussi là où les autres ont lamentablement échoué ? Le manque de chance.
La Normandie aurait dû disparaître après trente années d'existence. Mais elle eut la chance d'être sauvée par un roi providentiel venu à son secours en 944. Celui-ci revint de bouveau en 860. Or, l'identité de ce roi est encore à ce jour mystérieuse. Il se pourrait bien que ce roi du nom d'Aigrold, vainqueur du roi de France en 944, soit Airald, le guerrier formidable, qui fut vaincu à Taller en 982.
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 L'échec religieux et le martyr de Léon.
En 855, Les Danois reconquièrent Bordeaux. Son évêque n'en est pas chassé puisqu'en 876, Frothaire quitte son siège bordelais car il ne supporte plus de vivre parmi les païens. Il est condamné par le concile des Evêques et le pape lui-même. En 887, le nouveau pape se plaint qu'il n'ait toujours pas rejoint Bordeaux. Or, en 892, Léon, envoyé du pape, arrive en Gascogne. Les Scandinaves se convertissent massivement. Ces conversions massives, loin de déranger les Danois, les arrangent : ils sont sur le point d'intégrer le monde chrétien. Mais Léon est assassiné. Or, celui à qui profite le crime n'est autre que le duc de Gascogne. Ce dernier n'avait aucun intérêt à voir les Danois de Gascogne devenir chrétiens. Pour que sa campagne de reconquête paraisse légitime, elle devait être menée contre des païens. Si les Danois étaient devenus chrétiens, il aurait été regardé comme l'agresseur d'une minorité fraîchement entrée en chrétienté et protégée par le pape lui-même : très clairement, il n'aurait eu aucune légitimité. Cette rivalité avec le pape n'avait rien d'illusoire : n'oublions pas que le duc de Gascogne s'était entouré de la plus fantastique église séculière qui ait jamais existé. Ce faisant, il court-circuitait complètement Rome.
L'apparence physique des Scandinaves
Les Scandinaves avaient un physique qui les distinguait des Gascons de souche. Ces Scandinaves vaincus, gascons depuis 6 générations, ne sont pas repartis. Je pense que ces « chrétiens en apparence » vaincus en 982 sont devenus les Crestias qu'évoque le Cartulaire de Lucq en l'An Mil. Ils seraient les ancêtres des Gahets de la Punte et des Cagots. L'exclusion dont ils sont victimes n'est pas raciale, ni médicale, mais bien politique. D'ailleurs, les Cagots apparaissent en Gascogne et en Navarre, les domaines du Duc de Gascogne et roi de Navarre, les vainqueurs de la bataille de Taller.Toute cette histoire suggère très nettement que la Gascogne a été occupée de manière durable par les Danois et que cette occupation n'était en rien fortuite, il s'agissait d'une véritable colonie.
PARTIE 2 - DEFINITION DE L'EMPRISE DE LA COLONIE SCANDINAVE.
La colonie concernait-elle seulement quelques comptoirs situés sur la côte, ou bien des territoires plus importants ?
L'objectif était de 200 toponymes, j'ai atteint le nombre de 2000. Les quatre départements côtiers rassemblent à eux seuls plus de 700 toponymes. Et plus on s'enfonce dans les terres, moins il y en a, comme si les hordes germaniques étaient venues de la mer. Ces toponymes recouvrent le sud de la France, le massif Central, les Pyrénées, et les Alpes. Une dissémination absurde a priori. Pourtant, il y a une explication. Entre 848 et 864, Pépin II d'Aquitaine est allié aux Danois.                    


Ceux-ci vont profiter de cette période pour étendre leur toile militaire et commerciale sur son royaume, or, celui-ci s'étend de la Loire aux Pyrénées et de l'Atlantique à la vallée du Rhône. La toponymie germanique qui recouvre le sud de la France pourrait bien être d'origine scandinave.
- La toponymie, science empirique.
En matière de toponymie, comme en histoire d'ailleurs, il n'y a aucune certitude. Juste des probabilités. Mes sources : les travaux de Bénédicte Borie-Fénié, Michel Morvan, Grosclaude. Mais aussi Dauzat, Rohlfs et Baylon. On constate que leurs travaux restent très subjectifs. Ils résultent de « grilles de lecture ». Or, de manière étonnante, aucun ne va lire la toponymie avec une grille de lecture germanique et a fortiori scandinave. Invariablement, ils puissent dans les mondes méditerranéen et ibérique. Quasiment jamais dans le monde atlantique. C'est une vieille tradition française.
La toponymie est la science de l'hypothèse par excellence. Mais l'hypothèse est souvent « orientée ». C'est inévitable. Par exemple, Michel Morvan estime que Bayon-s/Gironde fait référence à un homme germanique du nom de Baio, tandis que Bayonne (s/Adour) dériverait du basque?  Pourquoi le second n'aurait-il pas la même origine que le premier ? Pourquoi l'hypothèse n'est-elle-même pas envisagée ? Choix purement idéologique. Toutes les hypothèses sont recevables. C'est le contexte qui permet de renforcer la probabilité d'une hypothèse.
Par exemple, Orthez? hortus, le jardin ou Orthus, la maison du passage? Caupenne, calvo penna, la montagne chauve ou kaupang, le marché, Chalosse, anciennement Sialossa. Sal-hosse, les fosses à sel ou Själhus, la maison de l'esprit (autrement dit l'abbaye)
Certains noms vont connaître des étymologies populaires : Kaupang, le marché, va devenir campagne (Campagne d'Armagnac), holm, l'îlot, va devenir l'homme (L'Homme-mort). Pour d'autres, c'est plus subtil. Vielle-Saint-Girons, Le Grand Village sur Oléron et le Grand-Viel sur Noirmoutier dérivent du latin vicus, ville. En réalité, ils font allusion à vik, le golfe. Vielle fait allusion au golfe qui existait autrefois entre Léon et Saint-Girons. Le nom Marensin fait allusion à ce même golfe (Marepnes Sinus). Dans Biscarosse, Biscarruès, et Biscarrague certains voient le Bizkar basque désignant une colline, C'est une possibilité. Il pourrait également s'agir du prénom scandinave Viskarr?
Les noms en ?os et en ?ac, révélateurs de la Gascogne scandinave ?
Les noms en ?os n'appartiennent pas à une famille à part entière et ils ne sont pas ibériques. Angresse (Engrosse), Bénesse (Bénosse), Echillais (Echillos), Andernos (Andernes) etc? On le voit les finales en os ne sont pas stables.  Arengosse, Aranguisse, Eyranx ont la même origine. Bernos, Bernisse, Bernès et Vernoux également. En fait, Les noms en ?os appartiennent à une famille plus large comprenant les noms se terminant par une sifflante.


Ces suffixes pourraient correspondre au scandinave hus, maison. Barcus (Barkhus, la maison de Bark), Arengosse (la maison de Hearing), Orcqs (la maison de Horik), Escatalens (la maison d'Asketill), Hostens, Estenos (la maison de Hastein)? la plupart sont composés à partir de prénoms.Or, ces noms sont cousins des noms en ?ac. Siros/Sirac, Bernos/Bernac, Seignosse/Seignac, Bénesse/Bénac, Angresse/Engayrac etc?
Jusqu'à présent, c'est l'analyse de Rohlfs qui fait autorité. Les noms en os seraient la forme aquitanique de décliner les noms en ac. Ils témoigneraient d'une résistance gasconne à la romanisation.
Albert Dauzat a considéré que les noms construits avec des prénoms germaniques comme Bergerac (Berggeir) ou Larzac (Lars) témoigneraient de la volonté d'intégration des Germains puisqu'ils adoptent le suffixe ac. Or, il est également possible que le suffixe ac soit également d'origine germanique et qu'il ait été assimilé ensuite à l'acum gallo-romain.
Un mot scandinave correspond assez bien, il s'agit de haug, la butte et par extension, la motte castrale. Berggeirhaug désignerait la motte castrale de Berggeir. Cette possible origine semble renforcée par un élément déterminant. Près de 10% des noms en ac s'écrivent en hac. Tourtinhac (Thorsteinhaug), Mayrinhac (Maerinhaug), Manhac (Manhaug) etc? Or, autant la présence de ce h peut s'expliquer avec un suffixe en haug, autant cette présence est incompréhensible avec un suffixe de type acum. A notre avis, une grande partie des noms en ac sont d'origine scandinave et datent des invasions, notamment la période 848-864.
Les noms en ac témoigneraient d'installations militaires tandis que les noms en hus signaleraient des résidences non fortifiées, c'est-à-dire situées dans des régions contrôlées par les Danois. Ces derniers signaleraient l'emprise de la Gascogne scandinave, essentiellement sur la rive gauche de la Garonne, les vallées pyrénéennes et en Charente.
La traite des esclaves au c?ur des invasions.
Parmi les nombreux toponymes, ceux faisant allusion à la traite des esclaves sont particulièrement nombreux. Taillebourg en Charente fait l'objet de fouilles. On y a découvert de nombreux objets vikings. Or, Taillebourg s'écrivait autrefois Treliburgo et Talliburgo. Certains ont vu dans ces formes anciennes le scandinave Traelleborg, le château des esclaves. Or, les Vikings ont été de grands trafiquants d'esclaves. Il existe en Scandinavie deux variantes de ce mot.


Trelleborg que l'on peut rapprocher de Treillebois, Treuil Bois, Trébons. Tallebo auquel on peut phonétiquement rattacher Taillebourg, Taillebois, Taybosc, Talbot? Ces toponymes et bien d'autres suggèrent que les Vikings développèrent la traite à très grande échelle. Ils semblent désigner le val d'Aran comme le principal axe de passage dans les Pyrénées.
On en vient aux causes économiques des invasions.
Les Scandinaves sont des commerçants. Très tôt, ils sont présents sur le littoral espagnol. Les denrées venues de Méditerranée les attirent, malheureusement, ils ont une balance commerciale déséquilibrée. Or, à la même époque, Charlemagne commence à interdire la traite des esclaves dans l'empire. Ces esclaves rejoignaient l'Espagne andalouse, principal consommateur en Occident. Les Sarrasins doivent se procurer ailleurs des esclaves. Les Scandinaves voient là l'occasion de rééquilibrer leur balance commerciale. C'est le début des invasions dans les îles britanniques. Les captifs ne rejoignaient pas la Scandinavie, mais la péninsule ibérique. L'invasion de la Gascogne va permettre aux Danois non seulement de créer une route directe rejoignant la Méditerranée, mais aussi d'acheminer à travers la Gascogne et vers Tortose à l'embouchure de l'Ebre les convois de captifs.
La bataille de Taller va couper cette route en 982. Les Vikings perdent leur débouché commercial. Faire des captifs n'a plus d'intérêt. Les invasions n'ont plus aucun sens. Les vikings acceptent enfin de se convertir au Christianisme. Ils n'ont plus aucune objection commerciale à une telle conversion.
Ainsi, les invasions vikings en Occident sont très clairement et directement liées aux événements qui secouent la Gascogne. La poussée méditerranéenne de l'Europe du Nord ne s'arrêtera pas là, puisque dans les années 1060, les frères Guiscard originaires du Cotentin fondent un royaume commerçant en Sicile. Quant aux croisades elles-mêmes, elles n'ont pu prospérer que parce que derrière l'aspect religieux, des raisons économiques justifiaient un tel déploiement d'efforts. Les découvertes de Bartolomeo Diaz en 1487 et de Vasco de Gama en 1500 parachèveront cette guerre commerciale sur les monopoles musulmans en Méditerranée.
En réalité, les invasions vikings peuvent être analysées comme un élément capital de l'histoire puisque c'est à cette époque que le centre de gravité du monde commence à quitter les rivages méditerranéens pour s'installer sur les rivages atlantiques où Portugal, Espagne, France, Angleterre et Hollande vont prendre le pouvoir?
Joël Supéry « Les Vikings au coeur de nos régions ». Editions Yago

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