Histoire locale:
En séance du 22 septembre 1878, le maire soumet à son Conseil une lettre de M. le sous-préfet et le cahier des charges dressé par l'ingénieur ordinaire, au sujet de l'établissement d'un bac pour le passage du chenal. Le coût incombant à la commune est de 150 francs, somme qui sera votée après examen du projet. Il faut dire que les administrations y trouvaient leur compte : les douaniers, mais aussi les inscrits maritimes qui prendraient le « raccourci ».
Collection particulière J.Lartigue. Ancienne Embouchure de l'Adour
Le cahier des charges imposé par l'Administration sera réactualisé en 1888 et en1891 avant que celle-ci ne décide unilatéralement de se désengager financièrement, laissant à la seule commune de Capbreton la charge de gérer la situation. Il en coûte 295 francs pour assurer le passage en 1907.
Avec l'essor touristique de sa station balnéaire au début du siècle dernier, Capbreton voit d'un bon ?il le franchissement du Boucarot, l'ancien lit de l'Adour. En effet, alors que seulement cent mètres séparent les deux rives, il faut parcourir près de cinq kilomètres, quel que soit le moyen de locomotion pour rallier la plage de Capbreton à celle d'Hossegor par l'ancienne passerelle de bois.
C'est donc contraint et forcé, qu'en séance du 20 novembre 1909, le maire, M. Larrat, fait adopter par les conseillers Dubéarnais, Thévenin, Tabourin, Guicheney, Médus, Berhouague, Labescat, Clavery, Dubern, les conseillers Dulau (excusé) et Junqua étant absents, le nouveau cahier des charges.
Collection particulière J.Lartigue. Ancienne Embouchure de l'Adour
Voici quels en étaient les termes :
Article 1 ? Le présent devis et cahier des charges a pour objet le service du passage d'eau pour piétons, établi sur le chenal de Capbreton, vis à vis de la maison du cantonnier du port.
Article 2 ? Heures de passage :
? Du 15 novembre au 15 février, de 7 h du matin à 6 h du soir.
? Du 15 février au 15 avril, mêmes heures.
? Du 15 avril au 15 août, de 5 h du matin à 9 h du soir.
? Du 15 août au 1er octobre, de 5 h du matin à 8 h du soir.
(Les douaniers pourront utiliser le bac la nuit)
Article 3 ? Le passage est gratuit pour tout le monde. Priorité aux fonctionnaires.
Article 4 ? Lorsqu'il y a crainte d'accident, le passeur ne peut être contraint à la traversée.
Article 5 ? Dimensions du canot : 5,75 m x 1,60 m, garni de deux avirons, un gouvernail, une gaffe et un grappin avec chaîne de fer.
Article 6 ? La charge est limitée à 7 personnes.
Article 7 ? Le passeur balaiera ou fera balayer avec soin les cales.
Article 8 ? Eviter les accidents à l'embarquement et au débarquement.
Article 9 ? Le passeur devra porter secours aux personnes en danger de se noyer.
Article10 ? Observer les règles de la politesse et de la bienséance ; maintenir le bon ordre dans le canot pendant le passage.
Article 11 ? Le passeur sera choisi par la voie d'un concours passé en forme d'adjudication publique au rabais. Les inscrits maritimes sont seuls admis à concourir, ayant au moins 21 ans, et munis d'un certificat de bonne vie et m?urs. Le résultat de l'adjudication ne sera définitif qu'autant qu'il aura été approuvé par le Préfet.
Article 12 ? Le passeur sera installé par la municipalité, et placé sous la surveillance de la Douane.
Article 13 ? Le traitement, fixé par le concours, sera payé trimestriellement ( 1er avril, 1er juillet, 1er octobre, 1er janvier ).
Article 14 ? Les manquements au présent cahier des charges, dûment constatés, feront l'objet des sanctions suivantes : rappel à l'ordre, blâme, mise à pied à temps et déchéance.
Ainsi le 30 décembre 1912, Jean Destribats est nommé passeur communal à bulletin secret, au deuxième tour d'un vote conforme à la décision entérinée le 10 novembre 1912, à partir du 1er janvier 1913, avec appointements de 400 francs par an.
Le 1er octobre 1914, Jules Larrieu remplace Albert Broquedis. En 1920, son traitement est porté à 500 francs. Il est maintenu à son poste malgré les candidatures d'Arnaud Dubedout et de Pierre Hournadet.
Le conseil municipal, dans sa réunion du 15 février 1926, décide la construction d'un abri pour les gens qui attendent le passeur.
Collection particulière J.Lartigue. Ancienne Embouchure de l'Adour
En 1927 le passeur a pour nom Pierre Hournadet, suivi en 1928 de Paul Ducamp.
On retrouvera Augustin Tauzias et au fil du temps, les Emile Bellocq, Albert Broquedis, Pierre Lacaule, Alphonse Ducamp, Etienne Courtiau, François Broquedis, Jean Hournadet, Battitte Lasmaries, Etienne Dubedout (il clôture la liste en 1964).
Pendant ce temps, le 3 mars 1935, le conseil modifie le cahier des charges pour les adjudications. Le 12 janvier 1941, compte tenu de la précarité de sa situation, Emile Bellocq voit sa redevance de passage supprimée. Quant à Etienne Courtiau, en 1943, il assure le passage pour la somme de 7 000 francs. Le même Etienne Courtiau, vu son âge, demande à être déchargé de ses fonctions en 1958.
François Broquedis est nommé passeur en séance du conseil municipal du 28 juillet 1959 ; le prix du passage est porté de 10 à 30 francs pour les adultes, et à 20 francs pour les enfants de moins de 14 ans.
Le salaire du préposé au passage, de 200 francs par mois en 1962, passe à 240 francs par mois en 1964 pour Etienne Dubedout.
Par la suite, on se passera de passeur? Ce sera du passé !
Jean Lartigue
Sources
- Archives municipales de Capbreton