DES DIAMANTS SOUS LES ALGUES ...

 

 

            Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1627, cinq galions décorés de merveilleuses sculptures dorées revenaient des Indes Orientales par la route des épices. Accompagnés de sept vaisseaux et de deux caraques, ils sont partis le 4 mars 1616 de Goa. Les bateaux portugais, ramènent dans leurs flancs joyaux, or et argent et les caraques s'acheminent lourdement.

C'est au large de notre côte aquitaine, où ils s'échelonnent d'Arcachon à Saint-Jean-de-Luz, que le vent se lève tout à coup, suivi d'une tempête exceptionnelle. Secoués par l'ouragan, ballottés sur la mer déchaînée, faisant eau de toute part, les navires craquent tour à tour.

            A quelques encablures des sables de Capbreton, c'est la Sainte Hélène (Santa Helena), une caraque de 1800 tonneaux, qui se brise. En une demi-heure, le sable se trouve couvert de poivre, de cannelle, d'encens et d'ambre gris. Les vagues charrient des meubles fracassés et rompus, des ballots de tissus et de fils jalonnent quelques kilomètres de plage.

Les habitants, à l'occasion pilleurs d'épaves, accourent. Les pillards, grisés par une riche récolte et si peu banale sont pressés de faire leur récolte dans un minimum de temps C'est pourquoi certains, non contents de la récupération des épaves, vont entreprendre le détroussage des cadavres. On a vite su que ce navire transportait maintes personnes d'éminente qualité qui voyageaient avec leur famille et portaient sur eux leurs biens les plus précieux ! Des survivants qui se traînaient vers eux, espérant des secours se retrouvent ainsi « estourbis ».

Les habitants craignent l'arrivée des gens-d'armes chargés d'empêcher les désordres ! Monsieur le comte de Gramont possède, avec le Parlement de Bordeaux, tous droits de bris et d'épaves et ses gardes reçoivent l'ordre de se placer par tous les chemins pour contrôler les passants et dénoncer les voleries qui ont été faites en cette caraque perdue à Capbreton.

La tempête continuant de faire rage, il s'écoule quelques heures avant que le service d'ordre ne soit mis en place.

 

            Le naufrage des 6 navires, l'un des plus terribles de l'histoire de la marine portugaise, a « décimé la fine fleur de l'aristocratie, causant au moins 2.000 morts et la perte d'une fortune immense. L'inventaire de la seule caraque Sainte-Hélène détaille un véritable trésor parti dans les sables de Capbreton, dont un coffre rempli de diamants bruts pour la reine d'Espagne et autres pierreries précieuses.

            La nouvelle mit trois jours à parvenir à Bordeaux où cette affaire fit beaucoup de bruit et plus encore jusqu'à la cour de Louis XIII où une partie butin récupéré suscita bien des convoitises.

            Les cadavres de cette hécatombe sont repartis à l'Océan et l'épave, qui garde en son sein une partie de ses richesses a disparu, elle aussi.

            Les abords de la Mer-océane se modifient si vite en quelques décennies, que les lieux actuels n'ont vraiment plus rien de commun avec ceux du XVIIe siècle! Mais les rêveurs et les amateurs de légendes mythiques peuvent gagner, dans cette histoire, une belle part de rêve et un récit à transmettre, de générations en générations.

 

Anne-Marie Bellenguez-Darnet.

 

Réf. A lire : « Le naufrage des Portugais sur les côtes de Saint-Jean-de-Luz et d'Arcachon » Jean-Yves Blot et M. Boisvert.

 

 

 

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